« Pas un emmerdeur » Jean-Pierre Milon, juste un habitant qui aime profondément son quartier et entend bien se battre pour lui.

Cette petite cité dans la cité, ce retraité qui a passé son enfance dans le faubourg de La Baratte, l’a désormais dans la peau.

 

« Mon père et mon oncle ont travaillé dans l’usine d’équarissage »

 

Aujourd’hui encore face au paysage « un peu rectiligne » - et il le regrette - de l’actuel parc Pierre- Mendès-France, ce dernier se souvient.

« Ici, avant les usines Cullman qui produisaient des produits phytosanitaires, il y avait une usine d’équarissage. On y traitait les os pour en faire de la colle. Mon père et mon oncle y ont travaillé entre 1930 et 1940. Puis, à la place, il y a eu Cullman. Je me souviens encore de l’odeur et, parfois, des façades des maisons entièrement couvertes de mouches bleues. Entre cela et l’usine qui brûlait les poubelles, on a été gâté. »

 

Difficile à croire, lorsqu’on se promène aujourd’hui sur l’aire nue et la pelouse verdoyante de ce parc inauguré en 1996 par Didier Boulaud. Aujourd’hui, de tours et d’usines, on ne parle plus. À la place, en partie grâce à l’association des Pâtureaux dont il fait partie, les fêtes de quartier du premier week-end de juin y ont longtemps trouvé l’écrin idéal.

 

« Ici, tout le monde peut y trouver son compte, c’est un vrai espace multigénérationnel. En tout cas, par rapport à ce qu’on a connu, cela me va bien », glisse malicieusement Jean-Pierre Milon. Arrivé devant le buste au nez cassé de l’ancien ministre de René Coty (et réalisé par un sculpteur de Pougues-les-Eaux), pas besoin de pousser bien longtemps l’hôte du quartier pour l’évocation d’un nouveau souvenir d’enfance.

 

« J’aime bien ce buste, ça me rappelle “Mendès-Lolo”. C’est ainsi que l’on baptisait Pierre Mendès- France car c’est lui qui avait fait introduire le verre de lait obligatoire dans les écoles à 16 h ».

Encore quelques pas, et ce jeune retraité de 68 ans se transforme alors en véritable VRP de l’aire de fitnessen extérieur située aux abords de l’axe routier.

 

« C’était une idée de Denis Angilbert, l’ancien directeur de la pisicine, qui est ensuite passée entre les mains du centre social dans le cadre d’une action intitulée“Sentez-vous bien ” ».

 

Une aire de fitness en extérieur

 

Une riche idée, à en croire ce sportif de toujours, qui n’hésite jamais à mouiller le maillot pour les causes en lesquelles il croit. « Je viens ici trois à quatre fois par semaine, vers 13 h, quand il y a moins de monde. Je passe sur chaque agrès. Au total, cela me prend à peu près trente minutes. »

 

Enfin, c’est vers le chemin longeant le canal de dérivation de la Loire que se termine cette promenade. Un coin apprécié des joggeurs, des pêcheurs de goujons et d’ablettes, qui pourrait prochainement être intégré au projet municipal du Poumon Vert.

 

La vue de la passerelle servant à atteindre l’autre rive, donne encore l’occasion à Jean-Pierre Milon d’offrir un dernier souvenir à emporter. « Autrefois, on passait là avec l’école. Il n’y avait pas de rambardes pour se tenir et on avait tous un peu les foies. »

 

Simon Rigal