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Des ateliers d'artistes à la place de l'ancienne usine

La Jonction

C’était autrefois une vaste usine des établissements Dumas et Colinot, entreprise spécialisée dans les pièces pour l’automobile, délaissée en 1999. Ce pourrait être, aujourd’hui, des locaux désaffectés, une friche de plus dans la cité ducale. Mais le cœur de ce site industriel, qui jouxte le port de La Jonction, bat encore, grâce à la ténacité des propriétaires autant que l’inventivité de leurs locataires.

 

Le complexe s’étend sur 7.000 m 2. Une partie de ces bâtiments, disposés autour d’une large cour, abrite diverses sociétés, ainsi que des ateliers d’artistes. Il y a là un magasin de vente et de réparation de vélos, une entreprise de publicité, enseigne et signalétique, une autre de marquage industriel sur objet, deux artistes peintres et un sculpteur. Entre autres. La plupart des occupants se connaissent. Se retrouvent régulièrement autour d’un café, voire, aux beaux jours, d’un barbecue. Se donnent des coups de main, se prêtent du matériel. Tous louent l’ambiance amicale et solidaire qui anime les lieux.

 

Une petite communauté

 

« La création artistique est une démarche très individuelle. Je suis très souvent seul dans mon atelier. Alors, c’est une vraie chance d’avoir d’autres artistes ou artisans pour voisins, presque comme des collègues. Il s’est créé ici comme une petite communauté », témoigne Philippe Monnot, sculpteur, qui travaille le carton et vient de réaliser les décors du prochain spectacle des Tambours du Bronx. L’impression est confirmée par Joël Mazetta, « dernier peintre en lettres de Nevers », qui, à la tête de Public-Décor, confectionne des enseignes publicitaires pour des artisans, commerçants et collectivités. « Nous travaillons chacun dans des domaines d’activité différents. Mais nous nous connaissons tous et il y a vraiment un état d’esprit appréciable. »

 

Le site a ses avantages. Jean-Louis Magnet, artiste peintre et plasticien, apprécie la qualité de la lumière qui entre dans son atelier. « L’endroit est idéal pour travailler, lumineux et calme. » Corinne Pugeat et Fabienne Goin-Passuello, ont repris Sebelor, une entreprise de l’Ain, pour l’installer, en septembre 2014, dans l’un des bâtiments du site. Leur spécialité : le marquage sur objet, pour des professionnels de toute la France. « À Nevers, nous bénéficions d’une position géographique assez centrale. Et nous avons un grand parking, pratique et accessible pour les camions. »

 

Propriétaire des lieux avec sa sœur, Alain Cariou fait tout son possible pour offrir des conditions de travail acceptables à ses locataires. Pas toujours facile, dans des bâtiments anciens, qu’il faut parfois réadapter. « Nous ne sommes pas dans une démarche de rente immobilière mais de sauvegarde d’un patrimoine industriel », insiste-t-il. « Le montant des loyers perçus est réinvesti dans des travaux de rénovation des lieux. » Parmi ses locataires, beaucoup travaillent, peu ou prou, dans une activité liée à la création. « C’est un point commun qui donne au site son aspect si particulier. » Les occupants fourmillent d’idées. Évoquent une exposition, un concert en plein air, voire une ouverture des ateliers au public. Pour animer cet espace étonnant, le faire connaître. Le faire vivre, tout simplement.

 

Jean-Mathias Joly

Le bonheur des “gamins” de La Jonction

Lorsque l’on parle de La Jonction aujourd’hui, on pense tout de suite à la piscine. Autrefois, c’était un quartier où fourmillait une activité économique intense.

 

« Il y avait les Établissements Pousson, Dumas-Colinot, Neiman, au moins trois marchands de charbon, des marchands de matériaux, la Stac, les ponts et chaussée, un marchand de vélos et motos, plusieurs épiceries et bars, un coiffeur, un boucher, une scierie, une laiterie... », raconte Alain Bonnot.

 

« Avec les copains, on avait pêché un sandre de 87 cm en Loire »

 

Le quartier, on peut dire qu’il le connaît. Alain Bonnot est né impasse de La Jonction, a travaillé quai de La Jonction, chez Pousson, pendant près de vingt ans. Aujourd’hui, il habite rue de La Jonction...

 

« Quand on était gamin, on avait l’habitude de se retrouver sur le pont de Loire. C’était notre point de rendez-vous, là où on s’attendait. On lorgnait les Néerlandaises dans les douches du camping, mais faut pas le dire... », ajoute-t-il en se marrant.

 

« On regardait aussi passer les motos qui allaient au Bol d’Or, les voitures qui partaient au Paris-Dakar. On traînait à vélo au champ de tir, on allait à la pêche en Loire en barque. À l’époque, on pouvait laisser les barques le long de la Loire, ça ne craignait rien. Quand j’avais 12 ans, on a pêché un sandre de 87 cm, on l’a mangé pour ma communion », se souvient aussi Bernard Chiron, un des “gamins” du quartier, aujourd’hui patron du restaurant La Marine, situé quai de La Jonction.

 

Au port, dans les années 70, il y avait un gros trafic de péniches qui livraient du bois, du charbon, des ardoises d’Angers, du sel pour les Établissements Crevet, qui venait du sud de la France, des briques, des matériaux pour les Établissements Pousson et deux grands silos pour stocker du grain qui repartait par péniche.

 

« La piscine, on y allait la nuit »

 

Au fil de notre promenade dans le quartier, nous nous arrêtons inévitablement devant la piscine de La Jonction, ou plutôt ce qu’il en reste aujourd’hui. « L’été, ça attirait beaucoup de monde. Nous, on y allait la nuit car c’était gratuit et il n’y avait pas de gardiennage », se souvient Bernard en rigolant.

 

Simone Boisson aimait cette vie de quartier. Elle a tenu l’épicerie-bar avec son mari, rue de La Jonction, de 1966 à 1988. « On habitait au-dessus. On avait tous les ouvriers qui venaient prendre un café le matin et boire un verre après le travail avant de rentrer à la maison. Il y avait de l’ambiance. J’avais fait apprendre à nager aux enfants très tôt, car on est entouré d’eau ici avec le canal et la Loire, j’étais plus tranquille », détaille Simone.

 

« Entre la rue et le quai de La Jonction, il y avait quatre bars, plus un petit chez le coiffeur. C’était convivial. Maintenant, le travail terminé, les gens rentrent chez eux directement », dit-elle avec un brin de nostalgie.

 

Dominique Romeyer

La Jonction

La Jonction

Avec Bernard Chiron (à gauche) et Alain Bonnot (à droite)

La Jonction

La Jonction

Avec Alain Bonnot (à gauche), Simone Boisson (au centre) et Bernard Chiron (à droite)

La Jonction

La Jonction

Avec Alain Bonnot, Simone Boisson et Bernard Chiron.

La Jonction

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Simone Boisson

La Jonction

La Jonction

Avec Alain Bonnot, Simone Boisson et Bernard Chiron.

La Jonction

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La Jonction

La Jonction

Avec Alain Bonnot, Simone Boisson et Bernard Chiron.

La Jonction

La Jonction

L'ancien lavoir

La Jonction

La Jonction

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La Jonction

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La Jonction

L'ancienne piscine

La Jonction

La Jonction

Avec Simone Boisson, Alain Bonnot et Bernard Chiron

Photos : Frédéric Lonjon

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