

« On a toujours tout fait à pied », Raymonde Michel
treizième
de ligne
« Je suis arrivée dans ce quartier en 1963, un vendredi 13 septembre exactement. Ça m’a porté chance », raconte Raymonde Michel. Elle s’est installée avec son mari dans une maison de la rue du Général-Auger et n’a jamais déménagé.
Le quartier, elle le connaît donc par cœur, d’autant que le couple n’a jamais eu de voiture, ni de permis de conduire. « On a toujours tout fait à pied. On a toujours eu tout ce qu’il fallait dans le quartier », explique celle qui aujourd’hui encore sort tous les jours, quel que soit le temps. Pour faire les courses, mais aussi juste pour le plaisir.
Une mémoire vivante
Lors de ses promenades quotidiennes, revient souvent la rue du 13 e-de-Ligne « il y a beaucoup de commerces, on est très bien servis. J’y vais tous les jours chercher mon pain. Cette rue est très passagère et j’aime bien le bruit, ça me rassure ».
Le quartier n’a pas de secret pour Raymonde, c’est une mémoire vivante. « Avant, l’auto-école était rue de la Rotonde, là où il y a une épicerie maintenant. Et à la place de l’auto-école, il y avait un bazar qui s’appelait Paris ménage. À côté, c’était un Économa, à la place de Pronto Pizza, il y avait une charcuterie. Le coiffeur et le boulanger n’ont pas changé », se souvient-elle.
« Pourquoi pas la piscine à côté de la cité militaire »
« À la place de l’Agence à taux réduits, il y avait un autre boucher, et à côté un marchand de légumes. En face, un immigré turc s’était installé comme tailleur pour hommes. Mon mari y allait pour faire retoucher ses pantalons. Et à côté, il y avait une épicerie où on achetait notre vin ». Au fil de notre promenade, les souvenirs remontent, témoignage d’un quartier très commerçant. Raymonde nous indique à l’angle de la rue du 13 e-de-Ligne et du Général-Auger, la présence d’une ancienne fabrique de javel, aujourd’hui transformée en habitation.
Raymonde se souvient très bien aussi de la présence des militaires, du temps de la caserne Pittié. « Ça rendait le quartier joyeux. Il y avait beaucoup de jeunes. Il n’y avait pas de délinquance, on ne connaissait pas ça à l’époque. C’était très intéressant pour les commerçants. Quand la caserne a fermé, ça nous a fait du tort ».
Depuis, une rue a été ouverte, le passage du colonel Rossel. « C’est pratique pour traverser le quartier. Avant, on ne pouvait pas rentrer, il y avait des murs, c’était fermé. Moi, je verrai bien la nouvelle piscine sur les terrains qui ont été dégagés, à côté de la cité militaire. Je l’ai dit à la nouvelle équipe municipale. Ici, il y a de la place et c’est à la portée de tous ».
Depuis que son coiffeur est parti, Raymonde en a changé, elle va maintenant en centre-ville et prend le bus. Bus qu’elle prenait il y a cinquante ans déjà pour se rendre avec son mari à l’usine Thomson de l’autre côté de la ville où elle a effectué toute sa carrière.
Et aujourd’hui, pour rien au monde elle ne déménagerait, elle y a toutes ses habitudes et s’y sent bien. Et des voisins sur qui elle peut compter. « Et puis, pour aller où ? J’espère pouvoir y rester jusqu’au bout ».
Dominique Romeyer
![]() 13e de LigneAvec Raymonde Michel | ![]() 13e de LigneAvec Raymonde Michel | ![]() 13e de LigneAvec Raymonde Michel |
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Photos : Lionel Brügger