

« J’ai pleuré quand mon HLM est tombée », Bernadette Garcia
La Grande Pâture
« J’habite là depuis trente-six ans. » Là, c’est place du Berry, un immeuble pas loin de l’Esgo. Et sa locataire, c’est Bernadette Garcia, qui a vu le quartier, et les habitants, changer au fil des décennies.
Grande amoureuse de la Grande-Pâture, il n’était pas question pour elle de la quitter lorsque les démolitions se sont annoncées. « Courant 2006, on a reçu un courrier nous informant qu’on allait être délogés pour restructurer le quartier. J’ai dit à Nièvre Habitat (le bailleur), “je ne déménagerai pas dans un autre quartier. Trouvez-moi un logement à la Grande-Pâture !” »
« Je ne partirai que les pieds devant ! »
Bernadette reste seule dans sa barre HLM. Il n’y a plus d’électricité dans l’escalier mais il en reste dans son appartement. Ce qui n’est pas le cas du chauffage. « Nièvre Habitat m’avait prêté un petit poêle. Je suis restée comme ça d’octobre à mi-novembre 2007. Aux gars qui venaient casser pour prendre du cuivre, je disais “faites ce que vous voulez, mais ne touchez pas à l’appart’69 ! » Bernadette obtient finalement son logement, au 9, place du Berry, pas loin de l’ancien, remplacé aujourd’hui par de petits pavillons.
Ce quartier, elle l’adore. « Je m’y suis plu tout de suite. C’est là que j’ai élevé mes filles. Je n’en partirai que les pieds devant ! » Et elle en connaît tous les recoins. En face de chez elle, des petits jardins ouvriers colorés égayent le paysage. « L’été, c’est agréable, les gens sont dedans. Même si avant, il y en avait davantage. »
Cette prépondérance de la nature, c’est bien ce que regrette Bernadette. « Si le quartier s’appelle les Grands-Champs, ce n’est pas sans raison. Aujourd’hui, il y a de quoi faire la grimace quand on voit tous ces magasins. Les zones, c’est horrible ! Au pied de mon immeuble, autrefois, dans les champs justement, il y avait des vaches. De ma fenêtre, je les voyais tourner avec le soleil. “Elles sont comme les tournesols, on peut deviner l’heure en regardant leur position”, me disait mon père. »
Aujourd’hui, Bernadette emprunte régulièrement, avec ses petites-filles, une belle promenade arborée, au départ de la rue Franchet-d’Esperey. On y trouve une petite mare, envahie de joncs et on devine, au loin, l’école Albert-Camus.
« Ici, c’est mon coin vert, et là, le chemin blanc. Avec les petites, on trouve des fleurs sauvages pour faire des bouquets magnifiques. »
La convivialité du marché
Bernadette achève sa promenade par un passage au marché, sur la place, rue Maréchal-Lyautey. « Il est là tous les jeudis matin. On y trouve des fruits et légumes, des épices et des vêtements, moins chers que dans les magasins. »
Mais Bernadette ne s’en cache pas, ce qu’elle préfère au marché, c’est la convivialité retrouvée, celle qui lui a fait tant apprécier son quartier. « On s’y retrouve avec les voisines, et bla bla bla... »
Sylvie Robert
![]() La Grande PâtureAvec Bernadette Garcia. | ![]() La Grande PâtureAvec Bernadette Garcia | ![]() La Grande PâtureAvec Bernadette Garcia |
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Photos : Christophe Masson